Bankeï L’esprit de non naissance
Bankei naquit en 1622 dans la préfecture actuelle de Hyogo et mourut en 1693, au temple Ryûmon-ji qu'il avait fondé à Hamada, la ville où il était né.
Il passa des années à comprendre cette phrase de Confucius: « La voie du Grand Savoir consiste à savoir illuminer la Vertu Lumineuse ». Mais ce n'est pas auprès des confucianistes qu'il reçu une réponse, mais du côté des moines Zen. Pratique le Zazen, s'entendit-il ordonner. Il pratiqua ardemment, jusqu'à l'épuisement et la maladie jusqu'au seuil de la mort. Alors comprit-il que toutes les choses sont basées sur la « non-naissance ». Il sentit alors l'inutilité de sa souffrance et de ses austérités. Il avait 26 ans.
Il comprit qu'il était « à côté de ses tongues » (comme on dirait aujourd'hui) depuis des années. Son éveil fut authentifié trois ans plus tard quand il rencontra Dôja à Nagasaki : « Voilà quelqu'un qui a dépassé la vie-et-mort » dira ce dernier au sujet de Bankei.
La « non-naissance » résume en un mot toutes les pensées fondamentales de Bankei. La « non-naissance » est la base et l'origine de tout. Il n'y a rien qui débute avant la « non-naissance ». Si notre esprit est « non-naissance », nous sommes déjà Bouddha. La « non-naissance » ne peut être détruite, en conséquence Bankei ne dit pas « non-naissance-non-destruction », mais simplement « non-naissance ». Il fut le premier à prêcher sur la « non-naissance » avec expérience immédiate authentique.
Il conseillait de demeurer trente jours dans l'esprit de « non-naissance », et qu'après cela, il serait impossible de ne pas y rester naturellement. Il ironisait sur l'intérêt des koans, parce que pour lui ils n'étaient valables que dans la situation précise où ils avaient été énoncés, pour une personne particulière en questionnement, mais pas en dehors.
Bankei, non seulement ne se préoccupe pas des Défenses (les 250 règles édictées dans le Bouddhisme), mais encore du Zazen, qui , pour lui, n'est que la tranquillité de notre esprit du Bouddha. En conséquence, pour lui, le Zazen n'est pas seulement la position assise, jambes croisées, mais l'ensemble des actes de la vie.
Il critique aussi ses contemporains, tout comme fera Hakuin des années plus tard, qui attachent une grande importance à la concentration d'interrogations, au lieu d'enseigner à demeurer dans l'esprit de « non-naissance ».
« Lorsque l'on dort, dit-il, on est avec l'esprit du Bouddha comme lorsqu'on est éveillé ».
Bankei annule dans tous les cas le dualisme. Ainsi, il dit : « Si vous voulez corriger votre colère, votre cupidité, en vue d'atteindre la « non-naissance », c'est faire deux parts de l'esprit unique. Tant que vous êtes occupés à corriger vos penchants, deux pensées se combattent sans cesse : les penchants qui vous assaillent toujours et la volonté de les corriger . Même si vous êtes en colère un moment, ou bien sous l'emprise d'un désir, laisser aller sans vous y arrêter. Si vous ne vous en occupez pas, que ce soit pour les arrêter ou non, il ne manqueront pas de disparaître tout naturellement. Même lorsque vos penchants sont forts, laisser passer ce moment sans vous interposer. N'attachez pas longtemps votre esprit, même dans votre plaisir. L'essentiel est de ne pas transformer L'esprit unique en esprit double.»
Quelqu'un demanda à Bankei :
« j'essaie de pratiquer le mieux possible, mais parfois, au lieu d'une progression, je sens une régression, que faire pour ne pas régresser?
--Soyez dans l'esprit de non-naissance du Bouddha. Si vous y demeurez, il ne vous arrivera ni progression ni regression. Au point de vue de la « non-naissance », vouloir progresser est déjà une régression vis-à-vis de la « non-naissance ».
Bankei n'use pas de termes philosophiques, mais ce passage est une critique fondamentale de l'idéalisme.
Bankei ne fut pas toujours compris de son temps et mourut sans successeur, peut-être parce qu'il n'établit aucun système d'exercices pour parvenir à la Voie, contrairement à Hakuin qui naquit 63 ans après lui.