Jean Bouchard d’Orval
Jean Bouchart d'Orval nous invite à une exploration fondée sur le pressentiment de la joie sans cause et son actualisation dans la vie. Il ne se réclame d'aucune école en particulier, mais sa pensée est modulée par l’intuition de la non-dualité.
https://youtu.be/OYRNy-_Atx0?si=gBvkgrmBOcJ2jSSH
Son discours simple et percutant nous permet de faire vibrer en nous cet état de liberté que nous sommes !
https://youtu.be/El25_yS3xMI?feature=shared
Jean est né à Montréal en 1948. Après le cours classique chez les Sulpiciens, il a complété des études en physique et en génie nucléaire à l'Université de Montréal. Pendant tout ce temps, il se posait des questions plus fondamentales que celles auxquelles la science et même la pensée peuvent répondre. Cet intense questionnement l'a mené vers une approche méditative de la vie et une désimagination de la réalité. Après de nombreux séjours dans l’Himalaya, c’est en Occident qu’il a vraiment approfondi sa démarche.
Selon lui, il existe une façon simple de se tourner vers le Simple. L'accent n'est donc pas mis sur l'apprentissage de techniques, sur ce qui se réfère à un devenir, ni sur tout ce qui nous fait dormir et rêver davantage. Toute démarche qui propose de s’intéresser à autre chose que ce qui est là présentement dans sa vie est un ajournement. Il n'y a qu'à porter un regard honnête et persistant sur ce qui est là dans l'instant même et ce regard se retrouve bientôt saisi par le vent de la silencieuse paix. Dépouillée de nos histoires, qui se réfèrent toutes à ce que nous ne sommes pas, c’est-à-dire à une image, à un quelconque soi-même, la réalité apparaît telle qu’elle est : profondément joyeuse.
C’est au moment où nous demeurons sans programme et n’entretenons plus d’opinions sur ce que nous percevons et faisons qu'une joie sans compromis commence à vraiment donner le ton: comment nous sommes se met à refléter ce que nous sommes. La vie phénoménale n’est alors plus que ce qu’elle a toujours été au fond: une actualisation des possibilités de la joie.
L'irruption de la lumière dans notre vie ne peut être le résultat d’une stratégie délibérée, qui ne serait qu’une autre forme d'encombrement, de prétention et d’agitation pour perpétuer ce que nous ne sommes pas. Toute velléité de devenir quoi que ce soit, y compris quelqu’un de libre, ne fait qu’ajouter des raffinements de misère à notre vie. Rien à atteindre, rien à devenir, aucun obstacle à vaincre, seulement des occasions de beauté. Ni idéal à suivre, ni comportement à adopter, ni technique à pratiquer, ni leader à imiter, ni organisation à laquelle se joindre afin de devenir « éveillé » ou « réalisé ». Dieu nous garde de cette indigence spirituelle ! Quel chemin emprunter pour aller de chez soi à chez soi ? Quelle technique pourrait nous emmener à l’étonnement ?
Seul un regard humble et honnête peut nous sauver de la bêtise et de la souffrance que nous nous infligeons nous-même. Rien n'est le contraire de la joie et de la tranquillité profondes : à partir de cette évidence, aucun des changements de la vie n'est problématique. Dans cette éclaircie, les énergies jusque là gaspillées se libèrent : nous vivons alors avec passion, mais sans calculs inquiets.
On peut rencontrer Jean Bouchart d'Orval lors d’entretiens, de séminaires ou de rencontres individuelles tant au Québec qu'en Europe. Ces rencontres ne visent à convaincre personne ni à prouver quoi que ce soit, mais plutôt à vivre avec la fenêtre ouverte.
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interview de jean bouchart d'Orval :
Question
- Vous avez séjourné à de nombreuse reprises à l'ashram de Swami Shyam, dans la vallée de Kullu, dans l'Himalaya. Pouvez-vous nous dire ce que cette expérience vous a apporté et quelle est la nécessité d'avoir un maître spirituel et de trouver la foi dans un guru?
Réponse
- L'expression «trouver la foi en un guru» n'est peut-être pas très heureuse, parce que s'il s'agit bien d'un guru, d'un maître authentique, alors le contact avec un tel maître nous fait perdre la foi, non la trouver!
Nous perdons la foi en tout ce à quoi nous nous agrippons, tout ce qui n'est pas réel, en faveur de la connaissance.
Au fond, un autre mot pour la foi est le doute… C'est de tout cela que nous sortons alors: la foi, le doute, la croyance, la rigidité, la fixation sur une image de la réalité, sur un idéal, sur un but, sur un système, un groupe.
Cela n'empêche pas la croyance, les buts, les idéaux, etc. de foisonner dans l'entourage d'un maître, surtout son entourage immédiat, mais cela est le jeu des disciples, non la création du maître.
Celui-ci va plutôt utiliser tous ces «matériaux» pour mettre la connaissance en perspective par rapport à tout ce qui n'est pas le Fond.
Il ne demeure alors dans l'attention que ce qui est réel, c'est-à-dire notre nature véritable, inchangeante, intemporelle.
Ce que le contact avec Swami Shyam m'a apporté, c'est la possibilité, le cadeau immense, de pouvoir côtoyer quotidiennement un être humain en qui la vision de l'Être dans toute sa pureté s'est complètement actualisée.
[Depuis la publication de cet article, de très nombreux témoins directs ont publiquement exposé Swami Shyam pour ses abus de pouvoir, son exploitation sexuelle des femmes de son entourage et même pour l'abus sexuel d'enfants.
Cela n'enlève rien à ce que j'ai touché en moi à son contact, mais démontre tout de même que l'être humain peut se montrer sublime et, quelques instants plus tard, ignoble, tant qu'il s'illusionne et demeure pris par lui-même.]
C'est surtout en ceci que consiste l'enseignement, le seul qu'un maître peut livrer: ce qu'il est, ce que l'aspirant est aussi, mais qui ne s'est pas encore actualisé dans ce dernier.
Le soleil n'enseigne pas, il brille; ainsi en est-il d'un maître véritable.
Quand on en a la possibilité, quand on se sent interpellé par cela et que les conditions sont réunies pour qu'on puisse en ressentir la chaleur et la lumière, on se met en sa présence, le plus simplement du monde.
C'est une force qui nous guide, de toute façon, il n'y a pas à se préoccuper de ce qui adviendra.
À ce moment, ce qui est parfois décrit comme une discipline, un effort, prend place en soi.
On se met en présence de cette lumière intense, qui prend parfois la forme d'un autre être humain qui est établi en elle.
Tout cela demeure un cadeau de la vie. Il n'y a rien à faire d'autre que demeurer conscient du courant qui fait son œuvre.
On ne peut rien forcer, rien provoquer. La provocation, la mise en demeure, cela agit plutôt comme un repoussoir.
Heidegger définissait un jour l'Être comme «Cela qui se retire». Pourquoi Cela se retire-t-il? Parce que «quelqu'un court après. Nous nous précipitons presque toujours vers quelque chose, quelque lieu, quelque état. Dans cette ruée vers la conceptualisation de la réalité, l'Être en tant qu'Être se retire, car nous le voilons des formes que nous prenons pour la réalité. Dès que l'Être se manifeste en tant que forme, il se voile en tant qu'Être. Au fond, il y a occultation du Même par le Même.
Aucun être humain n'est à blâmer, cela s'inscrit dans le jeu. Mais même quand il y a blâme, cela aussi c'est le jeu!
Ce qui fait encore partie du jeu, c'est la réalisation de ce mécanisme-là, qui cesse alors d'agir dans les ténèbres, à notre insu, et de nous mener là où nous n'avons jamais voulu aller.
Car en tant qu'êtres humains, nous avons une direction: la plupart d'entre nous appelons cela le bonheur, la joie, la paix, la liberté.
Mais dès que la vérité nous est dévoilée, toute direction paraît complètement illusoire.
Les buts, les directions, les causes, les effets, rien de tout cela n'a alors de sens. Il ne subsiste que le Réel en tant que Réel.
On ne devrait jamais se tracasser avec la nécessité «d'avoir» un maître spirituel.
Il semble que cette question a hanté et continue de hanter nombre de gens. Il ne faut jamais s'en faire avec cela, car, en vérité, c'est déjà joué d'avance.
Nous allons rencontrer exactement ce qui nous convient dans la vie. Dire que c'est nécessaire ou non nécessaire, c'est faire preuve d'une vision étroite et courte.
Une seule chose compte vraiment: demeurer à l'écoute. Si on demeure vraiment à l'écoute, à un moment donné il y a un message, un être, une situation, qui nous fait signe. On y répond alors sans analyse, sans raison (même si on peut alors fournir une pléthore de bonnes raisons); on y répond parce qu'on y répond, comme un enfant joue parce qu'il joue.
On répond de la même manière que le maître appelle: sans intention. Le Même interpelle le Même et le Même répond au Même.
Je crois que c'est ce que nous pouvons en dire de plus intelligent.
Cela fait penser à ce qu'un physicien anglais déclarait pour résumer la physique quantique: «Quelque chose d'inconnu fait nous ne savons quoi.»
On peut bien mettre le nom qu'on voudra sur ce quelque chose, mais on ne devrait jamais s'en faire avec ce qui doit arriver!
extrait de "la Passion du même"
vidéo : Jean Bouchard d'Orval: la Densité de la personne