L’acceptation de ce qui est (Epictete)
Épictète
Ne demande point que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu prospèreras toujours.
Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont. Devant toute imagination pénible, sois prêt à dire "Tu n'es qu'une imagination et nullement ce que tu parais." Quand tu vois quelqu'un qui pleure, prends garde que ton imagination ne t'emporte et ne te séduise en te persuadant que cet homme est effectivement malheureux à cause de ces choses extérieures ; mais fais en toi-même cette distinction que ce qui l'afflige, ce n'est point l'accident qui lui est arrivé, car un autre n'en est point ému, mais l'opinion qu'il en a. Il faudrait, par les dieux, s'exercer dans les petites choses, et, commençant par elles, passer ensuite à de plus grandes. "Je souffre de la tête." Ne dis pas "Hélas ! Je souffre d'une oreille." Ne dis pas "Hélas !" Et je ne prétends pas qu'il soit interdit de gémir, mais ne gémis pas au-dedans de toi-même. Ne crie pas non plus si ton esclave tarde à t'apporter ton pansement, ne sois pas crispé, ne dis pas "Tout le monde me déteste." Mais qui ne haïrait un tel homme ? Désormais fais confiance à ces principes et, libre, va droit ton chemin. Ce n'est pas dans la force de ton corps que tu fois placer ta confiance : ce n'est pas comme un âne qu'il faut être invincible. Quel est donc l'homme invincible ? C'est celui que rien ne peut troubler, rien de ce qui est indépendant de sa personne. (Entretiens, tome I)
Qu'est-ce qu'un stoïcien ? (...) Montrez moi un homme malade et heureux, en danger et heureux, mourant et heureux, exilé et heureux, discrédité et heureux. Montre-le. J'ai le désir, par les dieux, de contempler un stoïcien. Mais vous ne pouvez me montrer l'homme ainsi modelé. Montre-moi, du moins, celui qui se modèle, celui qui s'est orienté dans cette direction. (...) C'est une âme que l'un de vous pourrait me montrer, une âme d'homme, qui veuille faire avec Dieu une seule volonté et ne plus récriminer contre Dieu ou contre un homme, ne plus faillir dans ses entreprises, ne plus se heurter à des obstacles, ne plus s'irriter, ne plus céder à l'envie ou à la jalousie (pourquoi donc user de circonlocutions ?), devenir un dieu au lieu d'un homme et, dans ce misérable corps mortel, aspirer à la société de Zeus. (Entretiens, tome II)
Marc Aurèle
Arnaud Desjardins
L'acceptation, c'est la vision pure et simple de ce qui est, ici et maintenant. C'est le non-refus que ce qui est soit. Ici, maintenant, ce qui est est. Sur ce qui est, il n'y a aucune possibilité d'intervenir. On ne peut intervenir que sur ce qui sera ou ne sera pas dans une seconde ou dans une minute. Il s'agit d'une adhésion à la réalité relative, instant après instant, d'un non-conflit avec cette réalité. (Dialogue à deux voies)
Le principe qui doit toujours vous guider est celui-ci : "Pas ce qui devrait être, mais ce qui est." Et seulement ce qui est, dans le relatif, peut vous conduire à ce qui est dans l'absolu. Il n'y a pas d'autre chemin. (La Voie du coeur)