La roue de la loi, premier discours du Bouddha
Extrait du Dhamma-Cakkappavattana-Sutta : La Roue de la Loi - Premier Discours du Bouddha
(issu de "Les enseignements du Bouddha d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula - Seuil Points Sagesse)
Ainsi ai-je entendu.
Le Bienheureux se trouvant au Parc des Gazelles à Isipatana, près de Bénarès, s'adressa ainsi aux cinq bhikkhus :
Il est deux extrêmes : ô bhikkhus, qui doivent être évités par un moine. Quels sont-ils? S'attacher aux plaisirs des sens, ce qui est bas, vulgaire, terrestre, ignoble et engendre de mauvaises conséquences, et s'adonner aux mortifications, ce qui est pénible, ignoble et qui entraîne de mauvaises conséquences. Evitant ces deux extrêmes, ô bhikkhus, le Tathagata a découvert le Chemin du Milieu qui donne la vision, la connaissance, qui conduit à la paix, à la sagesse, à l'éveil et au Nibbana.
Et quel est, ô bhikkhus, ce Chemin du Milieu que le Tathagata a découvert et qui donne la vision, la connaissance, qui conduit à la paix, à la sagesse, à l'éveil et au Nibbana ? C'est le Noble Sentier Octuple, à savoir : la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste.
Ceci, ô bhikkhus, est le Chemin du Milieu que le Tathagata a découvert et qui donne la vision, la connaissance, qui conduit à la paix, à la sagesse, à l'éveil et au Nibbana.
Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur dukkha. La naissance est dukkha, la maladie est dukkha, la mort est dukkha. La tristesse, les lamentations, la douleur, le chagrin et le désespoir sont dukkha. Être en contact avec ce que l'on n'aime pas est dukkha, être séparé de ce que l'on aime est dukkha, ne pas obtenir ce que l'on désire est dukkha, en résumé les cinq agrégats d'attachement sont dukkha.
Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur la cause de dukkha. C'est cette "soif" qui produit la re-existence et le re-devenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c'est à dire la soif des plaisirs des sens, la soif de l'existence et du devenir et la soif de la non-existence.
Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur la cessation de dukkha. C'est la cessation complète de cette "soif", la délaisser, y renoncer, s'en libérer, s'en détacher.
Voici, ô bhikkhus, la Noble Vérité sur le sentier qui conduit à la cessation de dukkha. C'est le Noble Sentier Octuple, à savoir : la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste.
Extraits du Dhammapada
(issus de "Les enseignements du Bouddha d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula - Seuil Points Sagesse)
Section I
Tous les états mentaux ont l'esprit pour avant coureur, pour chef; ils ont été créés par l'esprit. Si un homme parle ou agit avec un mauvais esprit, la souffrance le suit d'aussi près que la roue suit le sabot du bœuf tirant le char.
Tous les états mentaux ont l'esprit pour avant coureur, pour chef; ils ont été créés par l'esprit. Si un homme parle ou agit avec un esprit purifié, le bonheur l'accompagne d'aussi près que son ombre inséparable.
"Il m'a vilipendé, il m'a maltraité, il m'a vaincu, il m'a volé". Chez ceux qui accueillent de telles pensées, la haine ne s'éteint jamais.
"Il m'a vilipendé, il m'a maltraité, il m'a vaincu, il m'a volé". Chez ceux qui n'accueillent jamais de telles pensées, la haine s'apaise.
En vérité, la haine ne s'apaise jamais par la haine, la haine s'apaise par l'amour, c'est une loi universelle.
La plupart des hommes oublient que nous mourrons tous un jour. Pour ceux qui y pensent, la lutte est apaisée.
Ceux qui prennent l'erreur pour la vérité et la vérité pour l'erreur, ceux qui se nourrissent dans les pâturages des pensées fausses, ceux là n'arriveront jamais au réel.
Mais ceux qui prennent la vérité comme vérité et l'erreur comme erreur, ceux qui se nourrissent dans les pâturages des pensées justes, ceux là , arriveront au réel.
De même que la pluie rentre dans une maison dont le chaume est disjoint, de même que la pluie ne rentre pas dans une maison bien couverte ainsi la passion pénètre un esprit non développé. De même, la pluie n'entre pas dans une maison bien couverte de chaume, ainsi la passion ne pénètre pas un esprit bien développé.
L'être bienfaisant se réjouit dans ce monde et se réjouit dans l'autre. Dans les deux états, il se réjouit. Il est content et extrêmement heureux quand il voit ses actes purs.
Section II
La vigilance est le sentier de l'immortalité. La négligence est le sentier de la mort. Ceux qui sont vigilants ne meurent pas. Ceux qui sont négligents sont déjà morts.
Comprenant bien cette idée, les sages vigilants qui suivent la voie des nobles, se réjouissent dans la vigilance.
Ceux qui sont sages, méditatifs, persévérants sans relâche, atteignent au Nibbana qui est félicité suprême.
De celui qui est énergique, attentif, pur en ses actions, qui agit d'une manière réfléchie, se contrôle, vit avec droiture, qui est vigilant, la bonne renommée s'accroît.
Par sa diligence, sa vigilance, sa maîtrise de soi, l'homme sage doit se faire une île que les flots ne pourront jamais submerger. Les insensés par leur manque de sagesse, s'abandonnent à la négligence. Le sage garde la vigilance comme la richesse la plus précieuse.
Ne vous laissez pas aller à la négligence, ni aux plaisirs des sens. Celui qui est adonné à la méditation obtient la grande joie. Vigilant parmi les négligents, éveillé parmi les somnolents, le sage avance comme un coursier laissant derrière lui la haridelle.
Par la vigilance, Indra, s'est éveillé, s'est élevé au plus haut rang des dieux. On loue la vigilance, on blâme la négligence.
Le bhikkhu qui s'attache à la vigilance et qui redoute la négligence, avance comme le feu, brûlant ses entraves grandes et petites.
Le bhikkhu qui s'attache à la vigilance et qui redoute la négligence ne peut plus déchoir. Il s'approche du Nibbana.
Section III
De même que celui qui fabrique des flèches veille à ce qu'elles soient bien droites, de même le sage redresse son esprit instable et incertain, difficile à garder, difficile à contrôler.
De même qu'un poison rejeté hors de l'eau, notre esprit tremble quand il abandonne le royaume de Mara (le domaine des passions).
L'esprit est difficile à maîtriser et instable. Il court où il veut. Il est bon de le dominer. L'esprit dompté assure le bonheur.
Que le sage reste maître de son esprit car il est subtil et difficile à saisir et il court où il veut. Un esprit contrôlé assure le bonheur.
Errant au loin, solitaire, sans corps et caché très profondément, tel est l'esprit. Ceux qui parviennent à le soumettre, se libèrent des entraves de Mara.
Chez celui dont l'esprit est inconstant, qui ignore la vraie loi et manque de confiance, la sagesse n'atteint pas la plénitude.cf0
Celui dont l'esprit n'est pas agité ni troublé par le désir, celui qui est au delà de bien et du mal, cet homme éveillé ne connaît pas la crainte.
Quoi qu'un ennemi puisse faire à son ennemi, quoi qu'un homme haineux puisse faire à un autre homme haineux, un esprit mal dirigé peut faire pire.
Ni père, ni mère, ni aucun proche ne nous fait autant de bien qu'un esprit bien dirigé.
Section VI
On doit s'associer avec celui qui fait voir les défauts comme s'il montrait un trésor. On doit 'attacher au sage qui réprouve les fautes. En vérité fréquenter un tel homme est un bien et non un mal.
Ne prends pas comme amis ceux qui font le mal ou ceux qui sont bas. Fais ta compagnie des bons, recherche l'amitié des meilleurs parmi les hommes.
Celui qui boit à la source de la doctrine, vit heureux dans la sérénité de l'esprit. Le sage se réjouit toujours de la doctrine enseignée par le ariya.
Les constructeurs d'aqueducs conduisent l'eau à leur gré; ceux qui fabriquent les flèches les façonnent; les charpentiers tournent le bois, les sages se contrôlent eux-mêmes.
De même que le rocher solide n'est pas ébranlé par le vent, de même les sages restent inébranlés par le blâme ou la louange.
Comme un lac profond, limpide et calme, ainsi les sages deviennent clairs, ayant écouté la doctrine.
Il est peu d'hommes qui passent sur l'autre rive. La plupart vont et viennent sur cette rive.
Mais ceux qui suivent la doctrine bien enseignée, franchissement le domaine de la mort, difficile à traverser.
Section VIII
Meilleur que mille mots privés de sens, est un seul mot raisonnable, qui peut amener le calme chez celui qui l'écoute.
Meilleur que mille versets privés de sens est une seule ligne de verset pleine de sens qui peut donner le calme à celui qui l'écoute.
On peut conquérir des milliers et des milliers d'hommes dans une bataille; mais celui qui se conquiert lui-même, lui seul est le plus noble des conquérants.
Un seul jour vécu dans la vertu et la méditation vaut mieux que cent années passées dans le vice et les débordements.
Un seul jour vécu en comprenant la vérité suprême, vaut mieux qu'un siècle vécu dans l'ignorance de la vérité suprême.
Section X
Tous tremblent devant le châtiment ; tous craignent la mort.
Comparant les autres avec soi-même, on ne doit pas tuer, ni faire tuer.
Tous tremblent devant le châtiment ; à tous la vie est chère.
Comparant les autres avec soi-même, on ne doit pas tuer, ni faire tuer.
Quiconque, en cherchant son propre bonheur, blesse les créatures qui désirent le bonheur, ne l'obtiendra pas dans l'autre monde.
Quiconque, en cherchant son propre bonheur, ne blesse pas les créatures qui désirent le bonheur, l'obtiendra dans l'autre monde.
Ni la coutume d'aller nu, ni celle des cheveux rasés, ni celle de répandre de la poussière sur son corps, ni le jeûne, ni le sommeil sur le sol, ni le fait de se recouvrir de cendres, ni les prosternations, aucune de ces choses ne purifie le mortel qui n'a pas dépassé le doute.
Quoique vêtu avec raffinement, si un homme cultive la tranquillité d'esprit, s'il est calme, contrôlé, promis à l'émancipation de conduite, pur, s'il ne fait le mal à aucune créature, il est brahmane, il est ascète, il est bhikkhu.
Section XIII
Celui qui après avoir été négligeant, devient vigilant, illumine la terre comme la lune émergeant des nuées.
Celui dont les bonnes actions effacent le mal qu'il a fait, illumine la terre comme la lune émergeant des nuées.
Le monde est aveugle ; rare sont ceux qui voient. Comme les oiseaux s'échappent du filet, peu nombreux sont ceux qui vont vers le séjour céleste.
Section XVI
Du désir des sens vient le chagrin, du désir des sens vient la crainte.
Si l'on est affranchi du désir des sens, on ne connaît ni le chagrin ni la crainte.
De l'avidité vient le chagrin, de l'avidité vient la crainte.
Si l'on est affranchi de l'avidité, on ne connaît ni le chagrin ni la crainte.
Section XVII
Quiconque retient la colère montante, comme on arrête un char lancé - je l'appelle un conducteur. Les autres ne font que tenir les rênes.
Vaincs la colère par l'amour, le mal par le bien. Conquiers l'avare par la générosité et le menteur par la vérité.
Dis la vérité, ne t'abandonne pas à la colère ; donne du peu que tu possèdes à celui qui te sollicite ; par ces trois qualités, l'homme peut se rapprocher des dieux.
Ce n'est pas seulement aujourd'hui mais depuis bien longtemps que sont critiqués ceux qui restent assis en silence, et ceux qui parlent avec profusion. Il n'est nul être au monde qui échappe à la critique.
Il n'existe point, il ne fut jamais, il n'y aura jamais un individu qui est exclusivement blâmé ou loué.
Les sages dont les actions sont contrôlées, dont les paroles sont contrôlées, dont les pensées sont contrôlées, en vérité, ceux-ci sont bien contrôlés.
Section XX
Le meilleur des sentiers est l'Octuple Sentier ; la meilleure des vérités est les Quatre Nobles Vérités ; la meilleure des conditions est le détachement, le meilleur des hommes est celui qui voit et comprend.
En vérité, ceci est le Sentier ; il n'en est pas un autre qui mène à la purification de la vision. Suivez ce sentier et cela sera la confusion de Mara (mort).
En suivant ce sentier, vous verrez la fin de la souffrance. Ce sentuer, je l'ai déclaré, ayant connu comment extirper les flèches (de la douleur).
Vous devez faire l'effort vous-même ; les Tathagata (Bouddhas) ne font qu'enseigner le sentier. Les pratiquants méditatifs arrivent à se délivrer des entraves de Mara.
"Toutes les choses conditionnées sont impermanentes." : une fois qu'on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance. Ceci est le sentier de la pureté.
"Toutes les choses conditionnées sont chargées de souffrance." : une fois qu'on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance. Ceci est le sentier de la pureté.
"Tous les Dhamma (toutes les choses sans exception) sont sans Soi." : une fois qu'on voit cela par la sagesse, on est dégoûté de la souffrance. Ceci est le sentier de la pureté.
Quand le moment est venu d'être actif et d'agir, quiconque, étant jeune ou fort, ne fait pas son devoir, s'adonne à la paresse, se montre faible, apathique, inerte dans sa volonté, celui-là ne trouvera pas le chemin de la sagesse.
Veiller sur la parole, contrôler l'esprit, s'abstenir des actes mauvais : qu'on se purifie par ces trois moyens d'action pour atteindre le sentier déclaré par les sages.
Extrait du Metta-Sutta - L'amour universel
(issu de "Les enseignements du Bouddha d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula - Seuil Points Sagesse)
Voici ce qui doit être accompli par celui qui est sage, qui recherche le bien et a obtenu la Paix.
Qu'il soit appliqué, droit, parfaitement droit, docile, doux, humble, content, aisément satisfait ; qu'il ne se laisse pas submerger par les affaires du monde, qu'il ne se charge pas du fardeau des richesses, que ses sens soient maîtrisés ; qu'il soit sage, sans orgueil et ne s'attache pas aux familles.
Qu'il ne fasse rien qui soit mesquin et que les sages puissent réprouver.
Que tous les êtres soient heureux, qu'ils soient en joie et en sûreté.
Toute chose, qui est vivante, faible ou forte, longue, grande ou moyenne, courte ou petite, visible ou invisible, proche ou lointaine, née ou à naître, que tous ces êtres soient heureux.
Que nul ne déçoive un autre ni ne méprise aucun être si peu que ce soit ; que nul, par colère ou par haine, ne souhaite de mal à un autre.
Ainsi qu'une mère au péril de sa vie surveille et protège son unique enfant, ainsi avec un esprit sans limites doit-on chérir toute chose vivante, aimer le monde en son entier, au-dessus, au-dessous et tout autour, sans limitation, avec une bonté bienveillante et infinie.
Étant debout ou marchant, étant assis ou couché, tant que l'on est éveillé on doit cultiver cette pensée. Ceci est appelé la suprême manière de vivre.
Abandonnant les vues fausses, ayant la vision intérieure profonde, vertueux, débarrassé des appétits des sens, celui qui est perfectionné ne connaîtra plus la renaissance.
Extrait du Mangala-Sutta - Les bénédictions
(issu de "Les enseignements du Bouddha d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula - Seuil Points Sagesse)
Ainsi ai-je entendu.
Une fois, alors que le Bienheureux demeurait dans le monastère d'Anathapindika au Parc Jeta, dans la cité de Savatthi, un dieu d'une radieuse beauté apparut vers minuit, s'approcha du Bienheureux et le saluant avec respect, se tint debout à son côté. Alors s'adressant au Bienheureux il dit : "Nombreux sont les dieux et les hommes sur les bénédictions qui donnent le bonheur. Pour ceux qui cherchent à connaître les véritables choses bienfaisantes, je vous en prie, veuillez expliquer les bénédictions."
Et le Bouddha dit ceci :
Ne pas être associé aux fous mais s'associer aux sages, rendre hommage à ceux qui méritent d'être honorés - cela est une grande bénédiction.
Vivre dans un endroit qui procure de nombreux avantages, avoir le bénéfice de mérites accomplis antérieurement, développer convenablement son caractère - cela est une grande bénédiction.
Etre instruit en science et en art, être discipliné et cultivé, dire des paroles justes - cela est une grande bénédiction.
Prendre soin de ses parents, bien traiter sa femme et ses enfants, accomplir des actions justes - cela est une grande bénédiction.
Etre charitable, se conduire honnêtement, avoir soin de sa famille, accomplir de bonnes actions - cela est une grande bénédiction.
S'abstenir du mal, renoncer aux intoxicants, être vigilant dans le bien - cela est une grande bénédiction.
Se conduire avec dignité et douceur, être content et reconnaissant, entendre la Loi au juste moment - cela est une grande bénédiction.
Etre patient, être courtois, rechercher la compagnie des moines, parler de la Loi au juste moment - cela est une grande bénédiction.
Etre restreint, mener une vie pure, avoir la vision intérieure profonde des Nobles Vérités, avoir la compréhension absolue du Nibbana - cela est une grande bénédiction.
Etant touché par les conditions du monde, demeurer avec un esprit inébranlable, être libre de chagrin, d'attachement et de peur - cela est une grande bénédiction.
Ceux qui suivent ces principes, ceux-là ne seront jamais vaincus, mais ils iront toujours vers le bonheur et pour eux cela sera une grande bénédiction.
Extrait du Vasala-Sutta - Qui est le paria ?
(issu de "Les enseignements du Bouddha d'après les textes les plus anciens - Walpola Rahula - Seuil Points Sagesse)
Ainsi ai-je entendu.
A ce moment le Bienheureux demeurait au monastère d'Anathapindika dans le parc de Jeta a Savatthi. Le Bienheureux ayant revêtu ses robes de la matinée, prit son bol et entra dans Savatthi pour sa tournée d'aumônes. Au même moment, dans la maison du brahmane Aggika Bharadvaja, le feu du sacrifice était allumé et les offrandes disposées. Le Bienheureux allant de maison en maison arriva près de celle du brahmane Aggika Bharadvaja et ce brahmane voyant de loin le Bienheureux s'approcher, lui cria : "N'avance pas, tête rase, arrête, ô misérable samana, arrête, ô paria." Entendant cela, le Bienheureux répondit : "O brahmane, savez-vous qui est un paria et quelles sont les choses qui font d'un homme un paria ?" - "Non, Vénérable Gotama, je ne le sais pas, ce serait bien si le Vénérable Gotama m'enseignait cela afin que je puisse reconnaître un paria ou les choses qui font d'un homme un paria." - "Alors, écoutez, brahmane, je vais vous l'enseigner, soyez attentif." - "Bien, Vénérable", répondit le brahmane, et le Bienheureux lui dit :
L'homme qui est coléreux et haineux, qui est méchant et hypocrite, qui a adopté des vues fausses et est trompeur - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui dans ce monde fait souffrir les créatures vivantes qu'elles soient nées une fois ou deux, en qui il n'y a pas de compassion pour les êtres vivants - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui détruit ou assiège des villages et des villes et se conduit en ennemi - qu'il soit considéré comme un paria.
Que ce soit dans le village ou dans la forêt, celui qui s'approprie par vol ce qui appartient aux autres, et ce qui n'est pas donné - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui ayant contracté une dette, dupe son créditeur en disant "je ne vous dois rien" - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui par convoitise pour un objet attaque un voyageur pour le dépouiller - qu'il soit considéré comme un paria.
L'homme qui dans son intérêt ou celui des autres, ou pour des richesse, porte un faux témoignage - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui prend les femmes de ses parents ou de ses amis, que ce soit de force ou avec leur consentement - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui pouvant le faire, ne veut pas subvenir aux besoins de son père et de sa mère lorsqu'ils sont vieux - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui frappe ou blesse en paroles, donne de mauvais conseils et complote secrètement - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui ayant commis une mauvaise action espère que personne ne le saura et fait le mal en se cachant - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui étant allé dans la maison d'un autre y reçoit la nourriture et ne rend pas cette hospitalité - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui par fausseté trompe un brahmane ou un samana ou tout autre mendiant - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui lance des paroles irritées et ne donne rien à un brahmane ou à un samana venu au moment du repas - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui est enfoncé dans l'ignorance, ne donne pas la moindre aumône mais dénigre les dons modestes - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui se glorifie et méprise les autres par orgueil étant lui même méprisable - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui fait naître la colère chez les autres, est avare, a des désirs mauvais, est envieux, rusé, n'a pas de honte ou ne craint pas faire du mal - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui injure le Bouddha ou son disciple, un moine errant ou un laïc - qu'il soit considéré comme un paria.
Celui qui sans être un arahant prétend l'être, est le plus grand voleur et vraiment le plus bas des parias de tous les mondes jusqu'à celui de Brahma.
Ceux-là que je viens de décrire sont vraiment des parias. Ce n'est pas par la naissance que l'on devient un paria. Ce n'est pas par la naissance qu'on devient un brahmane. Par ses actes l'on devient un paria, par ses actes l'on devient un brahmane.
Ecoutez cet exemple. Il y avait un paria appelé Sopaka, et bien connu sous le nom de Matanga. Ce Matanga put atteindre la plus haute gloire, la plus difficile à atteindre. Beaucoup de nobles et de brahmanes le servirent. Monté dans le véhicule divin, entré dans la voie élevée, libre de la poussière, ayant abandonné les désirs des sens, il put atteindre le monde de Brahma. Sa naissance ne l'empêcha pas de renaître dans le monde de Brahma.
Il est des brahmanes nés dans des familles vouées aux incantations qui doivent suivre les Vedas, et pourtant sont pris continuellement dans de mauvaises actions. Ils sont méprisés dans cette vie même, et dans leur vie suivante renaissent dans un état misérable : leur naissance ne les sauve ni des enfers ni du blâme.
Ce n'est pas par la naissance que l'on devient un paria. Ce n'est pas par la naissance qu'on devient un brahmane. Par ses actes l'on devient un paria, par ses actes l'on devient un brahmane.
Ayant entendu cela, le brahmane Aggika Bharadvaja s'écriat : "Merveilleux, Vénérable Gotama, merveilleux, c'est comme si l'on redressait ce qui a été renversé ou découvrait ce qui a été caché ou montrait le chemin à celui qui s'est égaré, ou apportait une lampe dans l'obscurité pour que ceux qui ont des yeux puissent voir. Ainsi le Vénérable Gotama a rendu claire la vérité de nombreuses façons. Je prends refuge dans le Vénérable Gotama, dans le Dhamma et dans le Sangha. Que le Vénérable Gotama veuille bien m'accepter comme disciple laïc qui, de ce jour jusqu'à la fin de sa vie, les prenne comme refuges."