Tapihritsa, ou Tapiritsa, est un maître dzogchen éminent dans la tradition Bön, souvent vénéré comme l’un des principaux maîtres dzogchen du Tibet ancien. Figure quasi-mythique, il est associé à l'école Bön, l'une des traditions spirituelles indigènes du Tibet, qui, bien que distincte du bouddhisme tibétain, partage de nombreux enseignements similaires, notamment dans le Dzogchen, ou "Grande Perfection". Le Dzogchen, dans le contexte de la tradition Bön, vise, tout comme dans le bouddhisme, à réaliser la nature fondamentale de l'esprit, pure, lumineuse et immuable.
Tapihritsa aurait vécu autour du VIIᵉ ou VIIIᵉ siècle et est souvent représenté sous la forme d'un être radieux, flottant dans un espace ouvert, symbole de la nature sans entraves de l'esprit éveillé. Son histoire est surtout racontée à travers ses liens avec son disciple et successeur, Dawa Gyaltsen, à qui il aurait transmis les enseignements de la "Vue", la "Méditation" et la "Conduite" de la Grande Perfection.
Dans l'enseignement de Tapihritsa, la reconnaissance de la nature fondamentale de l'esprit, appelée *rigpa* ou *ye shes* (connaissance primordiale), est au centre de la pratique Dzogchen. Tapihritsa insiste sur l’idée que tout être possède intrinsèquement cette nature éveillée et que la pratique n'est rien d'autre que le dévoilement de cette nature déjà parfaite. Il souligne l’importance de transcender toute idée de construction mentale pour atteindre l'éveil. Sa célèbre instruction, résumée par son disciple, exprime bien cela : « Regarde dans la nature de l'esprit, et toute illusion disparaît. »
Tapihritsa a transmis une méthode appelée les *Cinq Points de Dzogchen*, qui constituent des instructions pratiques et directes pour reconnaître la nature ultime de l'esprit. Ces cinq points sont :
1. **Laisser l'esprit dans un état naturel** : reconnaître sa clarté innée sans le forcer ni tenter de le purifier par des pratiques laborieuses.
2. **Absence de fabrication** : éviter les élucubrations mentales et les constructions conceptuelles.
3. **Intégration dans la vue naturelle** : maintenir cette pureté de l'esprit dans toutes les actions de la vie quotidienne.
4. **Non-dualité** : comprendre que la distinction entre l'esprit pur et les phénomènes extérieurs est une illusion.
5. **Union de la clarté et du vide** : voir que la nature de l'esprit est claire et vide à la fois, non substantielle mais infiniment présente.
Le Dzogchen de Tapihritsa se distingue par son insistance à ne pas confondre les états d’absorption méditative avec la véritable réalisation de la nature de l'esprit. Contrairement à d'autres pratiques qui se concentrent sur des visualisations ou des mantras, Tapihritsa enseigne que l'ultime but est de se libérer de toute forme d'attachement mental.
Les enseignements de Tapihritsa ont une portée intemporelle dans la tradition Bön. La tradition de méditation dzogchen qui en découle continue d’influencer les pratiques spirituelles et l'entraînement à la vue dans les lignées Bön actuelles. Ses paroles mettent l'accent sur la simplicité et l'immédiateté de l'éveil, libéré des concepts ou des efforts excessifs : « La nature de l’esprit est semblable au ciel, ouverte et sans bornes ; elle n’a besoin de rien pour être ce qu’elle est. »
Aujourd’hui encore, Tapihritsa est honoré comme l'un des grands maîtres de la lignée, et ses enseignements sur la *Grande Perfection* demeurent une source profonde d’inspiration pour les pratiquants du Dzogchen. Dans les monastères Bön, il est fréquemment représenté en méditation flottant au-dessus du sol, symbole de sa pureté sans attache, enseignant aux générations suivantes que l’éveil est moins une destination qu’une reconnaissance de ce qui est présent depuis toujours.