Le Mahamudra
Introduction :
Tradition tibétaine de la plus grande profondeur, transmise depuis la nuit des temps, la tradition "des Karmapas", lignée dite "Karma Kagyu", qui fut celle de Milarepa, est venue jusqu'à nous, en France. Nous avons en Isère un monastère tibétain de cette lignée : Karma Mingyur Ling à Montchardon. Voilà une des perles de leur enseignement, longtemps gardée secrète, le Mahamudra. Sachez apprécier son exposition à vos yeux de quelques extraits du texte sublime Le Mahamudra de Ouang Tchoug Dordje (1556-1603): "Ultimement et primordialement, depuis le commencement, chacun a sa propre part de ce qui est connu comme la véritable nature de l'esprit, la véritable nature des choses, ou le Mahamudra, le Grand Sceau de Vacuité, et (il n'est pas de différence) autre que celle de la réalisation ou de l'absence de réalisation de ces deux puretés.
(Le Mahamudra) de base est celui que chaque être possède en partage. C'est sur (cette base) que vous fondez les méditations sur les chemins : la véritable nature de l'esprit jusqu'à la dixième terre de Bodhisattva est alors (le Mahamudra) du chemin. Puis, quand vous vous êtes éveillé du sommeil de l'ignorance, l'ultime nature pure de la réalité qui est réalisée est connue comme le Mahamudra du fruit.
Voir la vraie nature pure et éternelle de la réalité et être de libre de toute (notion d') objet à percevoir et d'une conscience qui perçoit est la vue du (Mahamudra). Méditer sur le sens de cette (vue) sans aucune distraction est la méditation (du Mahamudra). Il est approprié de cultiver l'une quelconque des quatre activités ; le faire complètement libre de toute notion de quelque chose à faire et de quelqu'un qui fasse est l'activité du Mahamudra.
Être libre de toute notion d'objet de méditation et de sujet qui médite, et n'avoir ni espoir ni inquiétude, tels la crainte de tomber dans le samsara ou le désir de s'élever à la réalisation de la Bouddhéité, est le Mahamudra du résultat. Quand vous avez réalisé de cette façon le sens de la vue du Mahamudra, de sa méditation, de son activité et de son résultat, vous devez augmenter votre effort enthousiaste.
Ayez une fervente considération et un respect aimant pour vos Lamas, une foi totale, vous consacrant complètement à cela. Détournez vous des obsessions en vous libérant de l'attraction contraignante pour le samsara et pour cette vie. Veillez constamment à être attentif, à ne vous laisser aller à aucun vagabondage mental. Formez des projets à court terme et exécutez-les immédiatement, comme un coup de soufflet. Chaque fois que vient une attitude mentale tel le désir de sauver la face ou bien des pensées concernant cette vie, ou encore les huit sentiments mondains, toutes choses sans nécessité, écartez-les. Coupez vigoureusement la corde de votre intérêt égoïste pour cette vie. Quoi que vous développiez en méditation, ne vous lassez pas mais faites l'effort de le cultiver à tout instant.
Bien qu'il y ait de nombreuses différences entre une expérience momentanée et une pénétration, d'une manière générale, si le méditant sent qu'il y a son propre esprit (d'une part, et de l'autre) l'objet de sa méditation, c'est à dire une vacuité bienheureuse, claire et purement non-conceptuelle sur quoi il médite ou qu'il expérimente, c'est une expérience momentanée. Si vous réalisez avec une pure perception et non une simple présomption qu'il n'y a pas de dualisme d'un méditant et d'un objet de méditation, c'est une pénétration. Par conséquent, ayant fait la différence entre une expérience momentanée ou don, et la pénétration, placez-vous dans un état en lequel vous n'êtes pas attaché à ces dons et ne les tenez pas pour suprêmes. Cultivez-les ensuite dans un effort de tout instant. Ceci est important.
Des quatre sceaux, le sceau des activités est la voie de ceux d'intelligence faible. A travers lui nous atteignez les réalisations puissantes du royaume du Désir.
Le sceau des engagements et celui du Dharma sont la voie pour ceux d'intelligence moyenne. Grâce à eux vous atteignez les puissantes réalisations ultimes du plus haut royaume du Samsara, le ciel Akanisitiha, ou Og- min, celui en dessus duquel rien d'autre n'est.
Quant au Grand Sceau de Vacuité (Mahamudra) c'est la voie des intelligences supérieures. C'est la méthode pour atteindre la puissante réalisation suprême de l'Illumination. Le Mahamudra est inséparable de l'apparence et de la Vacuité, de la béatitude et de la Vacuité, de la conscience et de la Vacuité, de la clarté et de la vacuité, libre de tous les extrêmes des modes d'existences mentalement élaborées, (c'est à dire l'existence véritable, totale non-existence, les deux ou ni l'une ni l'autre). Ce n'est pas quelque chose qui peut être montré par un Lama, ou compris intellectuellement par un disciple, ni rendu intelligible par des mots. Le Mahamudra est libre de toute notion d'être ceci et non cela. C'est une grande béatitude qui est expérimentée bien qu'elle ne puisse être identifiée comme étant ceci ou cela. Il n'est rien qu'il ne pénètre, que ce soit l'apparence, l'existence, le samsara ou le Nirvana. C'est le grand état au-delà de l'intellect ou de l'esprit conventionnel. La simultanéité de l'esprit, de la pensée et du Dharmakaya existe depuis des temps sans commencement. Mais parce que cela n'est pas reconnu, les Lamas expliquent dans leurs enseignements oraux que tous trois doivent être fondus en un, unité inséparable. Ceci est connu comme le Mahamudra de l'apparition et de la fusion simultanées."