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Nous allons parler ici des critiques concernant les effets indésirables de l'aventure spirituelle en non-dualité. Car si la non-dualité peut se pratiquer seule, sans guide et sans maître, sachant que le maître est avant tout intérieur, il peut arriver dans ce dépouillement intérieur de se sentir perdu, abandonné et seul. Et pour certains êtres sensibles, cela suffit à provoquer de la peur, de l'angoisse, un mal être voire une déstabilisation psychologique. Sachons d'emblé qu'alors, c'est la foi dans l'issu positive du processus qui est la clé du cheminement hors des ornières psychologiques, métaphysiques qui peuvent surgir sur notre route. Avoir un maître, c'est être en confiance. Si vous avez confiance en votre maître intérieur, vous ne serez jamais perdu non plus. Et d'ailleurs un bon maître extérieur renvoie toujours à votre maître intérieur, ce maître universel divin.

Adonc, ce 'sentier le moins fréquenté' occasionne parfois un sentiment d'être perdu, puisque sans repères, c'est normal. A cet instant il convient de rester serein, ne pas s'agiter davantage et ne rien faire pour en sortir, comme si nous étions noyés dans de l'eau boueuse de sorte que seule l'immobilité permette d'éclaircir la vue. A noter au passage que pas mal d'occidentaux débarquant en Inde en quête de gurus étoilés sont sujets à un tableau psychiatrique plus ou moins délirant, façon mystique, et ce n'est pas le signe qu'ils ont atteint le nirvikalpa samadhi, c'est bien dommage! On les rapatrie médicalement en occident. Donc prudence en mettant le pied sur la terre sacrée de l'Inde! Ce fut l'objet d'une publication. Que cela ne vous empêche pas de partir à Bénarès, mais partez en groupe, c'est conseillé.

La non-dualité radicale en particulier, alias néo-advaita, amène parfois les pratiquants dans cette sorte de "nuit de l'âme" qu'évoquait St Jean de la Croix, vers la dépersonnalisation, "y'a plus personne ici", voire la déréalisation du monde, "on a l'impression de rêver", en réalisant l'illusion du moi, de l'idée d'être séparé des autres et du monde des objets en se dépouillant des concepts, pensées habituelles. Cet état inconfortable est passager et devrait être utilement encadré par des guides qui sont déjà passés par là. La déstabilisation peut être importante devant cet état indéfini, grisâtre, maussade, anergique : Puisque tout est "cela", pourquoi comparer, choisir de manger un fruit sain plutôt que pourri ; si vraiment on ne distingue rien dans l'unité, qu'aucun vecteur de volonté, d'action ne se manifeste, comment vivre? Payer son loyer ? Aller bosser ? Elever ses enfants ? Vivre avec son conjoint ? Fréquenter ses amis? Certains ont poussé le curseur jusqu'à l'indifférentiation mentale. Autant c'est normal en méditation profonde qu'à éviter à l'état de veille. Evidemment c'est incompatible avec une vie sociale façon occidentale.

Tout cela est une mauvaise interprétation de la non-dualité. L'indifférencié ne concerne que notre être, notre soi, mais pas le monde manifesté, sauf état de fusion extatique passager. Mais notre précieux cerveau demeure capable de différencier la nourriture des ordures et autres déjections ! Fort heureusement !! Il s'agit de ne plus s'agripper aux choses et aux êtres, ni les rejeter. Ni attraction, ni répulsion. C'est pourtant simple. Et demeurer ainsi de telle façon que notre état naturel émerge tranquillement et surtout sans effort, puisqu'il est déjà là. Notre comportement demeure tout-à-fait adapté à la vie quotidienne, la gestion de tous les aspects pratiques pour prendre soin de nous-mêmes, de nos proches et notre famille. En Inde, ça passerait, et ça passe comme on peut voir, certains babas vivants sur des tas d'ordures pour bien montrer la relativité des choses. Ces questions angoissées ne se posent qu'avant la réalisation de notre propre nature, mais plus après : le questionneur disparaît !

En fait, si ce processus d'émergence de notre Soi (ou Non-Soi) advient naturellement, sans drogue en particulier, la dépersonnalisation se produit aussi tranquillement que l'eau boueuse s'éclaircit dans le calme, dans une joie de l'unité avec tout ce qui est. Un sentiment de béatitude et de perfection est vécu, de toucher enfin à l'Essence des choses, bien loin des sentiments de dépersonnalisation isolés qui peuvent être vécus dans l'angoisse existentielle. La pure conscience que nous sommes est libre des tribulations rattachées à la nature du corps, libre des pensées, conceptions, représentations, émotions ; elle est vécue comme éternelle, invulnérable, infinie avec un grand bonheur d'avoir retrouvé notre essence oubliée pour un temps. Ce n'est pas un sentiment d'étrangeté comme Freud avait vécu devant le Parthénon dans une sorte d'attaque de panique, sur laquelle il sut investir avec flair, mais au contraire celui de rentrer à la maison, enfin ! Ce vécu hautement positif nous envahit, et non la peur de nos pertes de repères. En clair, n'ayons pas peur du vide! Pour que le meilleur nous investisse, il convient de lui faire de la place!

Nous pourrions dire: en non-dualité, il y a un constat de l'inexistence de la personne, du personnage mais *pas* sa destruction, son anéantissement, sa balkanisation, aussi simplement qu'en regardant une branche sur le chemin, prise un instant pour un serpent, on s'aperçoit qu'il n'en est rien. Non, cette illusion de "personne", cette collection de fonctions relationnelles dont on saisit la capacité à tromper le sujet, ne fascine plus guère ; elle est activée en live à titre d'interface en interaction sociale bien pratique et fugace et ne résume pas notre nature essentielle, laquelle est telle magnificence, tel bonheur que nous avons l'impression d'être le coeur de la Vie, de toute vie, du cosmos itou, bien loin des sentiments d'angoisse de dépersonnalisation que vivent certains sujets dont la structure cérébrale favorise cette expérience sur un mode souffrant, border-line, ce qui reste exceptionnel. Au passage, évitez les psychédéliques (ex Ayahuasca) sans encadrement averti (un chaman connu pour son expertise). Le vécu non-dualiste n'a pas besoin de psychédélique!

Dans un état naturel non-séparé, l'atteinte souffrante de ce corps-ci est vécu sans être concerné "personnellement" ; un cancer n'est plus un drame personnel, par exemple, on fait le nécessaire pour en faire établir un diagnostic, un bilan d'extensions et un traitement si possible, sans rajouter des peurs et des espoirs illusoires. Ce qui est, non corrigé!

Finalement, tout se joue dans ceci : conserver un semblant de croyance en l'ego ou pas? Croire à une individualité apparente ou pas? Croire au personnage comme on dit maintenant. On observe pleinement les éléments déployés dans nos pensées et comportement comme pouvant être interprèté en tant que personne, mais notre regard entre les lignes nous empêche d'y être à nouveau identifié. A noter que ce vécu émergent n'est pas sous notre contrôle ; c'est l'énergie qui se déploie ici ainsi. Nous n'avons pas le choix du programme de l'éveil, pour ainsi dire. Le tout est au moins de ne pas renforcer le sentiment "c'est moi!"

Certains sages non-dualistes comme Jeff Foster, après avoir approfondi l'effacement de la dualité individuelle dans une sorte de conscience transcendante vide, Parabrahman, en sont revenus résolument et prêchent maintenant le respect de la manifestation de la Vie Divine, et donc des limites qui peuvent sembler apparaître, telle celle de l'individu et de son corps mais sans le sens de la séparation. Le tout est de ne pas y croire. C'est tout : ne pas s'identifier à son ego, ce sens de la séparation. Se réaliser comme une manifestation unique de l'Absolu à travers ce corps-ci, là pour interagir avec ses semblables, vague unique qui joue avec les autres vagues en étant consciente d'être l'eau océanique. Alors on peut conserver un comportement compatible avec la vie sociale, rigoler avec les amis autour d'une bonne table gastronomique etc... Pas d'affolement donc si vous cheminez vers le dépouillement de soi, le dépassement de l'ego, la mise à distance du personnage. Il s'agit juste de le détrôner du siège d'imperator et le mettre premier ministre pour gérer la logistique mondaine !

En somme, être capable de plonger ses racines dans la non-dualité transcendante (apparemment) et vivre en surface la joie de la manifestation, la lila divine, "de ce jeu éternel d'un enfant dans un jardin éternel". Eclatez-vous mes soeurs et frères spirituels ! Vous n'êtes pas ici pour foncer vous mettre dans une caverne pour rester en nirvikalpa samadhi, ni rentrer au monastère vous flageller pour le péché originel ! Tout cela n'est qu'un mauvais rêve, promus par des partisans du pouvoir sur l'autre ! Vous êtes là pour vivre la béatitude, la compassion et la fraternité.

Pour expliciter cela voici une vidéo de l'excellente chaîne "Buddha at the gas pump". https://youtu.be/BDTGO-tqzUk?si=q910VC3lMZDu1N8I. Vidéo en anglais, mais sous-titrable en français. (commentaires, roue dentée, choix de la langue)

Jessica Eve y décrit avec sensibilité et profondeur comment elle a vécu cette dépersonnalisation profonde, puis en est revenue, en quelque sorte à contre courant de ce qu'elle croyait un moment utile de faire, sur les conseils d'advaitins radicaux ; ce que nous croyons tous utile de faire, non? Les non-dualistes que je connais sont des bons vivants, joyeux et primesautiers. Simplement, leur coeur se nourrit à la source de l'Être et même la mort ne les fait plus pleurer. Ils appliquent un "carpe diem" absolu.

Jessica parle aussi de Tim Freke : en voici un dialogue de quelques minutes entre eux, justement sur le juste rapport entre l'individu et le tout :

https://youtu.be/PXuspvqQUBY?si=5EOaUmunBalaBIL5

Remarque liminale : celles et ceux d'entre vous qui ont un sentiment d'identité un peu flou, un ego faible, mal délimité déjà, qui ne savent pas trop qui ils sont, avec une personnalité pusillanime, craintive, timide des interactions sociales sont invités à renforcer leur ego dans un premier temps : un ego bien fort se dépasse mieux, s'identifie et donc se désidentifie mieux qu'un ego non-fini, qu'une personnalité réservée, inhibée, réprimée par une éducation excessive. Autrement dit, passez par le psy, le développement personnel, s'affirmer, communiquer positivement, "se faire mousser", bomber le torse, ce n'est pas interdit et mal venu, alors on saisit mieux ce qu'il faut dépasser comme fausse interprétation des faits. Et ce d'autant plus qu'il ne s'agira pas de tuer l'ego, mais d'en voir l'inexistence, les lignes de force qui font croire à une unité en action, impersonnellement. Au passage je rappelle qu'en vérité, il n'y a que des processus, des réflexes égotiques non intégrés, mais personne derrière le volant, chef ou créateur de ces mécanismes. Cela semble paradoxal en matière de non-dualité de renforcer d'ego apparent dans un premier temps mais c'est bien reconnu parmi les sages non-dualistes d'expérience. Une façon de forcer le trait pour mieux cerner, comme il est plus facile de contracter un muscle avant de le relâcher.

Enfin, celles et ceux d'entre vous, souhaitant cheminer sur ce "non-chemin" de l'ici et maintenant, et qui ont déjà des expériences border line de déréalisation, dépersonnalisation, soit spontanément et pas seulement lors d'attaques de panique, ou à la suite de la prise d'hallucinogènes, devraient TOUJOURS ÊTRE SUIVIS PAR UN GUIDE SPIRITUEL QUALIFIÉ qui puisse les aider rapidement dès qu'elles ou ils se sentiraient perdus, paumés, déstabilisés excessivement et en souffrance par leur pratique spirituelle et dans le doute, ils devraient s'abstenir d'une approche aussi radicale. Une psychothérapie de soutien est parfois très utile dans ces cas limites et certains psy se sont spécialisés dans l'assistance aux chercheurs spirituels en souffrance du fait de leur déstructuration intérieure sans doute prématurée puisqu'elle ne s'accompagne pas de sentiment de joie immense. Avec les visio internets, vous devriez pouvoir trouver ces thérapeutes sur la vaste toile.  Ces aspects au vécu négatif sont un blocage du processus dont la résolution aboutit naturellement à une joie de l'unité retrouvée avec tout ce qui est.

Un chercheur assidu, que j'ai accompagné voici de nombreuses années dans le chemin spirituel, devenu "trouveur éclairé" peut maintenant aider les personnes cassées par la dépersonnalisation et angoisses liées à la dilution du moi d'autant qu'il est thérapeute intégratif de métier. Son approche est justement de restaurer l'équilibre entre le lac impersonnel et la personne renouvelée, qui, après s'y être baigné, voire diluée, comme une statue de sel plongeant dans l'océan du Non-Être, se trouve née de nouveau, riche d'une nouvelle dimension :

MICHAËL ABITBOL

Thérapeute | Coach | Mentor
"l'Art d’Être Soi"  Approche Intégrative

Sa présentation :"Après plus de 20 ans à cheminer au sein des traditions spirituelles d'orient et d'occident j'ai complété m'a vision de l'intégralité de l'expérience humaine en étudiant les courants de la psychothérapie et les approches d'accompagnement visant à une structuration saine de la personnalité. J'ai observé sur mon chemin comment de nombreux cheminants et cheminantes sincères ne possédaient pas une structuration d'un moi assez fort et que certaines avaient des failles identitaires et des traumas qui n'étaient pas résolus et dont le chemin spirituel, voir non duel n'allaient pas les aider, mais au contraire élargir et encore trop destructurer un psychisme qui demandait avant tout de retrouver de l'homogénéité. Comme le disait Arnaud Desjardins "Avant de n'être rien il faut avoir été quelqu'un", il me parait fondamental aujourd'hui de passer par un travail de thérapie, pour libérer les charges émotionnelles du passé, développer sa personnalité pour la rendre saine et harmonieuse afin de vivre une vie équilibrée dans le monde et avec ses proches. Et ensuite, oui, si ce socle est solidement enraciné sentir l'appel des hauteurs et des profondeurs du Soi, mais pas au détriment du Moi, faire que le Soi prenne en charge le Moi, sans le renier, et que le Moi se mette avec joie au service du Soi.

En ce sens je propose des accompagenements individuels (en présentiel sur Nice ou par visio) sur la base d'une perspective éveillée et en prenant en considération les différentes facettes de votre vie incarnée. Si vous rencontrez des problématiques dans votre cheminement, des besoins de structuration, de clarification, d'accompagnement thérapeutiques pour libérer vos blessures, vous pouvez compter sur moi, n'hésitez pas, avec joie."

TEL. 06 20 44 31 57
www.michael-abitbol.com

En résumé de cette publication, les critiques que l'on peut adresser à la non-dualité sont sans objet. Il s'agit plutôt de personnes mal préparées à l'aventure spirituelle, qui n'ont pas bénéficié d'un développement psychologique harmonieux et positif et chez qui les démons intérieurs prennent le dessus dès lors que la grille qui les maintenait dans les profondeurs de la psyché sont ouvertes sans contrôle et sans l'aide d'un guide confirmé. Alors affirmez-vous, reprenez confiance en vous, sûrs d'être soutenus par la présence paisible que vous êtes à la base!