La Non-Dualité, advaïta en sanskrit, nous invite à réaliser notre nature, la nature de notre esprit, de CE QUI EST, ce que nous sommes foncièrement. Réaliser signifie que nous n'avons rien à rechercher. Notre nature est déjà là ; bien que "là" puisse induire en erreur en localisant ce qui n'est pas localisé. Disons mieux : "notre nature EST". Ou CE QUI EST, EST !! Ce que nous sommes est sans limite ni frontière, sans nom et sans forme, ce qui veut dire sans soi. Rien de personnel. C'est la présence inqualifiable qui sous-tend notre être relatif. Mais ce n'est pas une couche subtile derrière ce-qui-est, derrière le monde matériel : la Présence est CE QUI EST sans distinction. Tout est Présence, autrement dit. Aucune distinction non plus entre matériel et spirituel. Pas de transcendant ni d'imanent. Toutes les séparations au sein de ce qui est doivent être mise à distance, vu comme agent séparateur, au moins le temps de se rendre compte de notre nature absolue. C'est un peu raide comme entrée en matière, mais indispensable si vous voulez réaliser ce que vous êtes déjà : "être non-duel".
La non-dualité indique qu'il n'y a jamais eu 2 éléments dans l'univers. Alors qu'Unité implique l'union d'au moins 2 éléments. En Non-Dualité, aucune séparation, aucune frontière, aucune limite, aucune détermination, aucun "individu", aucun objet. On dit souvent "ni ceci, ni cela", neti neti des hindous. Voie négative. Sauf qu'il n'y a pas de voie, réellement. Pour aller ici, quelle voie je prends? Voyez le dilemme? C'est l'océan illimité, les vagues étant tous les objets dont notre cerveau établit la représentation, les catégories qui remplissent abondamment notre vie quotidienne. Les images dudit "Réel", fussent-elles inspirantes, produisent des biais cognitifs qui nous éloignent de CE QUI EST. Un moment donné, on se rend compte que toute pensée à propos de CE QUI EST crée une séparation. Penser sépare. La non-pensée ne sépare plus l'inséparable. Sans aucun effort... L'effort même de comprendre la non-dualité éloigne de CE QUI EST, puisque déjà accompli parfaitement.
Aujourd'hui, la non-dualité devient banale, les éveillés à leur propre nature courent les rues et les réseaux sociaux! C'est incroyable, mais la conscience éveille la conscience chez plein de gens. Que pouvons-nous faire pour nous éveiller? Rien, juste observer comment notre ego se saisit de l'idée d'éveil et fait tout pour "être éveillé" et... ne rien faire! Car, il n'est point d'ego éveillé. S'éveiller, c'est constater profondément que l'ego n'a jamais existé. Et il n'est pas de son ressort de faire émerger cela... C'est un processus impersonnel, nous pourrions presque dire "inconscient", auquel nous pouvons simplement faire de la place en soi. Dégager nos archives mentales et accueillir ce-qui-est dans l'humilité du dénuement. C'est pourquoi le non-être, l'absence de soi aide parfois mieux à dépasser les réseaux de nos cognitions, de nos représentations qui tissent notre prison intérieure. Loin de nous des considérations éthérées, ésotériques en cela. Constater l'absence d'ego est juste regarde de façon affûtée les processus que nous prenons habituellement pour un personnage, dans notre corps, dans nos activités. Bien vite nous en constatons l'absence de consistance, d'un point central intégré, bref, d'un pilote dans l'avion! Personne dans le cockpit ! N'imaginez pas : allez voir vous-même s'il y a quelqu'un là dedans ou pas. Sans peur de constater l'absence du moi-je. "Je marche!" Est-ce vraiment vous qui marchez? N'est-ce pas plutôt ce corps qui marche... avec personne à siéger dans le donjon intérieur. "Ça marche" serait déjà plus objectif. "Ça parle"? c'est plus compliqué de constater que ça parle tout seul, nous sommes tellement identifié au beau parleur ! Et dans les sports extrêmes. Qu'est-ce qui vous fascine tant ? L'absence de "moi" dans ces moments si intenses, si puissants que le cerveau ne peut maintenir l'action extrême et une image de "moi" en même temps. Bien pour dire que "je" ne suis qu'une pensée, certes persistante, habituelle, mais rien qu'une pensée. Et c'est ce qui nous transporte tant, dans les activités extrêmes, ce sentiment d'unité qui nous laisse un goût de perfection.
Ce n'est pas un état extraordinaire que d'être "en non-dualité", mais au contraire notre état naturel tel que le nomme les pratiquants du Dzogchen, suivant la tradition Bön. Abandonner le fatras qui encombre notre cerveau, alimentant nos désirs, l'avoir et le devenir, voilà ce que nous pouvons réaliser, ici et maintenant, (bien que Cela ne soit ni ici ni maintenant puisque infini!) pour goûter instant après instant ce-qui-est, non-corrigé, acueillir de façon neutre tout ce qui est. Ce qui ne va pas de soi quand nous avons tant et tant d'intentions, de projets, de désirs et de peurs. Demeurer au coeur de ce-qui-est sans broncher, sans rien vouloir changer ou qualifier, sans juger. Nous pouvons vivre ainsi et répondre aux challenges de façon la plus adaptée, sans dépenser notre énergie physique et mentale inutilement. Nous présentons sur ce site des vidéos d'auteurs non-dualistes radicaux qui permettent un questionnement propre à dépasser instantanément la dualité du moi/monde. C'est un art subtil de réaliser cela, faire réaliser à chacun sa nature foncière, l'absence de moi et de séparation. Voir l'onglet "sages".
La Non-Dualité, puisqu'elle fait fi des représentations, se vit plus qu'elle ne se définit. Elle est le vécu, le constat, de la non-séparation absolue de tout ce qui est, de la Conscience et du monde, selon l'expression de Jean Klein, les yeux grands ouverts sur le monde tel que vous le voyez, et non pas un samadhi méditatif ou une transe lointaine, fruit d'une ascèse rigoureuse dans les froidures himalayennes. Il n'est donc pas du tout question d'être une personne en face de l'Absolu, comme hors de lui, qui essaierait d'atteindre l'illumination, la fusion avec cet Absolu. Rien n'est en dehors de l'Absolu. Donc, comment aller là où on est déjà?? Tel est le noeud de l'affaire! "Je suis dedans". Non, tu ne seras jamais dedans !!!
Et cette expérience* inouïe qui volatilise la conscience restreinte et séparatrice du "moi" survient souvent spontanément, c'est-à-dire sans technique, et sans motif. Les hommes les plus divers ont eut la grâce de la goûter sans l'avoir cherchée et certains ont pu même en parler, ce qui n'est pas facile. Elle bouleverse définitivement la vision de celui qui l'expérimente. Elle peut survenir aussi à la suite d'une pratique spirituelle, guidée par un maître réalisé ou pas d'ailleurs. Mais ceci n'est nullement indispensable, à la différence de voies techniques yoguiques et autres pratiques d'éveil de kundalini qui impliquent un guidage minutieux. Et, ce qui est plus intéressant, cette expérience peut survenir à la simple lecture de textes non-dualistes, en regardant une vidéo en ligne. *Et même le terme "expérience" ne rend pas compte de ce que l'on peut dire de la non-dualité, qui est Ce qui sous-tend toute expérience et toute manifestation, et qui ne change jamais. Gardons-nous d'en sécréter la moindre image !! Nuage d'inconnaissance !
Ajoutons à cela que la non-dualité ne s'oppose pas à la dualité : elle la couronne. Il ne s'agit pas de dépasser la dualité, mais de l'accepter tout à fait, en tant que dualité, dans ses paires d'opposés enfin mis en relation paires par paires duelles, alors que souvent nous avons tendance à aspirer à un des opposés en fuyant l'autre : vouloir l'amour et fuir la haine, aspirer à la lumière et fuir l'ombre, par ex. Nous accueillons alors la manifestation dans toutes ses dimensions, et c'est cet accueil inconditionnel qui ouvre à la non-dualité. Autrement dit, accueillir la dualité, c'est trouver la non-dualité. Et pour cause! Où pourrait bien être la "non-dualité" ailleurs qu'ici et maintenant, incluant toutes ces limites qui vibrent sous nos yeux? La Non-Dualité n'est pas quelque chose d'autre que ce que nous avons sous les yeux, que ce qui voit ces objets actuels... C'est plutôt un regard différent sur ce-qui-est. La dualité sujet/objet disparaît : je vois ceci devient juste: VOIR.
Et comme le "moi", l'ego, se nourrit justement de "j'aime ceci et j'aime pas cela", accepter la dualité, c'est aussi accepter de dépasser cette représentation limitante du "moi-je", celle de se croire séparé du monde et des autres. C'est dire à quel point le conditionnement de la société de consommation n'aide pas à rester dans son état naturel en stimulant les désirs les projets individuels sans vision d'ensemble ! Heureusement, le vent de la liberté souffle toujours !
Nous avons regroupé sur ce site non-dualite.fr quelques uns des messages les plus éloquents et les plus accessibles, celui des philosophes et des mystiques, des francs-tireurs et des sages. Libre à vous d'approfondir chacun des auteurs suivant votre feeling et vos affinités.
Les traditions spirituelles culminent parfois dans le vécu de la non-dualité, surtout en Orient, où la vision impersonnelle de la Déité aide à dépasser les concepts réducteurs qui séparent le pratiquant de Dieu, dans les traditions occidentales, trop souvent. Alors qu'au fond, même en Occident, des maîtres comme Eckhart ont goûté clairement à cette unité sans nom et sans pensée, mais n'ont pas toujours osé en parler publiquement.
Si l'on devait situer dans l'espace temps la non-dualité, nous pourrions dire que c'est en Asie centrale qu'elle fût pour la première fois exprimée le plus simplement. La tradition Dzogchen Bön, Yungdreung Beun, qui se dit remonter à 18000 ans, en rend compte encore aujourd'hui. Ensuite, en Chine, par le Ch'an et Hui Neng, elle fut exprimée de façon plus lapidaire et aussi profonde. Mais nous allons voir que toutes les traditions, peu ou prou, mènent à l'essence non-duelle, pourvu qu'elles soient basées sur l'expérience intérieure, et non pas seulement sur des lettres mortes...
Nous avons distingué deux entrées pour nos pages, une, directe, par les auteurs non-dualistes, et une autre par les traditions, ce qui vous permettra, ou de lire directement des écrits, dont beaucoup se situent en fait hors de toute référence, ou bien de situer le phylum évolutif et culturel de la non-dualité à travers des approches traditionnelles précises.
La non-dualité répond à la question : « Qui suis-je? ». Question que nous nous sommes tous posé un jour. Ramana Maharshi en a fait l'interrogation essentielle et guide de la quête de Soi. Se poser cette question ouvre un chemin dont on imagine rarement l'issue, si l'on ne se contente pas des réponses habituelles « je suis Untel », « je suis moi »... Et cette issue peut être la réalisation ici et maintenant de l'état naturel non-duel, ce que nous n'avons jamais cessé d'être un instant, si nous sommes mûrs pour abandonner les représentations dans lesquelles nous nous sommes emprisonnés par pur conformisme.
C'est ainsi que nous pouvons passer de « je suis moi » à « (je suis) Cela ».
Enfin, nous avons pensé que quelques rares personnes parmi nos visiteurs avaient aussi vécu ce saut quantique, cette réalisation édifiante de la non-dualité. Si c'est votre cas, vous pouvez publier ici votre histoire en soumettant un article, après être devenu membre. Également, les articles philosophiques, psychologiques, sociologiques, voire historiques concernant la non-dualité pourront trouver dans ces pages publication. En résumé, vous êtes bienvenus sur ce site. Puissent ces lignes vous faire entrevoir ce qui demeure entre elles, depuis l'origine et avant!