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La conscience qui se sait (Non-Dualité)

L’expérience de la conscience ou conscience qui s’expérimente ou se vit est à prendre avec beaucoup de recul. Non pas qu’elle soit fausse ou dénuée d’interêt ; il s’agit là d’une expérience fantastique mais il ne faut surtout pas s’y attacher. Cette expérience  se produit généralement lorsque le moi est déjà démystifié en tant qu’illusion. Existe-t-il un perçu sans percevant ? Vraiment ? 

Vous regardez vos concepts, persuadés de leurs réalités. Les expériences ainsi que les concepts ne sont pas à éradiquer, bien au contraire ils sont très utiles dans une certaine mesure. Ce qui n’est la plupart du temps pas vu  est ce positionnement vidé de moi qui si l’on n’y prend pas garde vient s’immiscer dans l’expérience. En effet il n’y a pas que le moi-je qui pense agir, faire, avoir une vie, des possessions et un contrôle qui soit une illusion. Sa soif de connaitre et de savoir est bien souvent mise de côté et c’est de cela qu’il s’agit dans le cas présent. Il y a donc l’expérience « d’être conscience » , une conscience qui se sait elle-même, nous dit-on çà et là . Mais qui sait cela ? Ceci n’est qu’une expérience et qui dit expérience dit expérimentateur. Un positionnement vidé d’un moi n’est pas une fin en soi, il y a aussi le découvreur, le connaissant qui est à l’oeuvre d’une façon très subtile. Un mental calme et au repos qui ne dit mots mais ne vous leurrez pas ! Il est là, silencieux, planqué dans les buissons en tenue de camouflage. 

C’est parce que l’expérience de la conscience semble se dérouler que le réflexe de saisie de notre système corps-mental-cerveau-système nerveux, pensées, sensations, émotions fait son boulot habituel et c’est un réflexe mécanique qu’il ne faut pas sous-estimer.  Mais regardons cela de plus près, la conscience se révèle au « vide de moi » qui est toujours un positionnement « invisible ». Le positionnement vidé de son moi va s’accaparer l’expérience en tant que connaissant ou comprenant. Cette conscience et ce positionnement vidé de moi ne sont que vacuité et donc il n’y a aucune différence entre la conscience et son observateur discret, le connaissant, l’expérimentateur vidé d’un moi. Ainsi apparait l’idée que la conscience se connait elle même alors qu’en fait ce qui a lieu ici est simplement l’expérience du positionnement du connaissant de la conscience qui joue à non-moi ne faisant qu’un avec elle. 

Expliqué différemment : Positionnement connaissant vidé de moi + conscience = Il n’y a pas de moi mais il y a la conscience qui se sait elle même alors qu’en fait c’est le positionnement du connaissant ( moi invisible) qui reconnait la conscience en prétendant qu’ici il n’y a que l’un. Il faut donc être très prudent avec cette expérience de la conscience qui je le répète est une très belle expérience du moment qu’elle s’arrête là . Pour que l’expérience en reste là il faut que tous les différents aspects du moi et de son fonctionnement soient exposés sans quoi il y aura auto-duperie et bon nombre d’enseignants iront parler d’une expérience indescriptible et sans mots en étant aveugle au fait qu’ils se positionnent en tant que connaissants de cette conscience allant même jusqu’à la chosifier: « La conscience est intelligente et se connait elle même » ou bien « la manifestation, les objets apparaissent au sein de la conscience » bref ils peuvent décrire des tas de choses alors qu’il s’agit là d’un mystère total. 

Savoir, connaitre, découvrir est un autre aspect de l’ego qu’il ne faut pas négliger surtout dans sa façon naturelle et automatique de s’imposer. Il faut se rappeler que ce système egotique n’a pas les « outils » pour appréhender sa non-existence, le non-moi et la non-chose sauf en passant par des concepts et des positionnements ce qu’il fait en général de façon très habile. Les positionnements de ce système de l’ego doivent être reconnus pour ce qu’ils sont: des illusions tenaces ne menant à rien d’autres qu’à la création de concepts illusoires qui sont vus et interprétés en tant que vérités connues.  Pour résumer il est fondamentalement impossible de connaitre et de décrire l’indescriptible quand bien même le mental fera tout ce qu’il peut pour savoir, décrire et expliquer. Quoi qu’il puisse découvrir ce ne sont que des concepts vides. Ce qui est, n’est « visible » qu’en tant qu’apparences et concepts autrement dit il est impossible de prouver quoi que ce soit . Il n’y a qu’en l’instant que tout cela se révèle et cela ne nécessite pas de mots, d’analyses, de connaissances ou de conclusions. 

Je vous encourage fortement à vous méfier des conclusions et à y regarder à deux fois afin de débusquer les concepts et positionnements illusoires qui pourraient éventuellement continuer leur bonhomme de chemin car ce système de l’ego ne se soucie nullement du fait que l’illusion du moi ait été reconnue au préalable. C’est tout son fonctionnement dans sa globalité qui doit être exposé y compris le positionnement « connaitre » : comprendre, savoir et découvrir entres-autres. Ne faites pas de la conscience une chose sinon nous finirons par lui ajouter deux bras, deux jambes et une barbe blanche et ça sera reparti pour un tour de roue! Je le répète notre système de fonctionnement egotique est très limité et souhaite à tous prix se positionner, comprendre. il n’a donc pas d’autres choix que de conceptualiser et de faire de la conscience une chose intelligente ou une divinité aimante qui prend tout en charge bref la routine habituelle quoi: il y a quelque chose de bon pour « moi » là bas… 

L’amour a-t-il besoin d’être une chose pour être?  La conscience, le rien qui est tout simultanément , le vide qui est plein simultanément … vous avez lu? Eh bien sachez que ces mots sont vides et que l’expérience de ce qui est nommé conscience doit être de première main et immédiate . Les descriptions ultérieures ne sont que concepts vides et il serait bien que certains enseignants le précisent plutôt que de laisser les chercheurs croire en une trame invisible intelligente et bienfaisante qui nous protège, nous englobe et qui est ce que nous sommes. Mais nous ne sommes pas !! allons!… 

Dans l’Advaita contemporain le terme «  ce qui est » est préféré au mot « conscience » ce qui me semble plus adéquat et ne nécessite aucune autre explication . Tout n’est qu’apparences qui apparaissent et disparaissent sans cesse. Alors à quoi allons nous encore nous accrocher s’il est impossible de savoir ce qui est derrière ? Car oui encore une fois nous nous illusionnons. Pour nous il y a forcement quelque chose derrière tout cela, une force, le divin, l’univers, un Dieu etc. Voyez par vous même que ce système illusoire de l’ego ne peut appréhender le rien, le vide, l’absence de choses et de preuves sauf en nous plongeant encore et encore dans des concepts ad vitam… Ce qui peut sembler être expérimenté ne le sera que dans l’instant et n’a aucune valeur au delà de cet instant. S’il y a quelque chose derrière tout cela ça ne sera expérimenté ni par quelqu’un ni par personne et ne sera pas connu ni de quelqu’un ni de personne. 

Quelques citations pour finir : « Tout ce que vous comprenez vous le comprenez à travers des concepts ».   Nisargadatta « La libération est la libération de la conscience » . Nisargadatta   (Ne lisez pas ici une conscience qui se libère il s’agit bien de « libération from consciousness »)   « L’expérience de l’absolu n’est pas l’absolu et sans percevant il n’y a pas d’absolu » « Ce qui est déjà présent n’a pas besoin de compréhension, de but ou de résultat. Ce qui est et ce qui n’est pas n’ont pas besoin de validation » 

 Jean-marc Pronesti