Cheminer vers Soi
Vous voilà enfin sur le chemin de Compostelle. Vous y rêviez depuis des années, sûrs de trouver là une quête essentielle. Vous avez raison. Le dépassement des limites physiques, la fatigue, les intempéries, le froid vont vous faire aller au-delà de vos rêves.
Le chemin vers Compostelle, jour après jour, si dur, son but si lointain, vont petit à petit vous ancrer dans l'ici et maintenant, dans le présent, mieux : dans la Présence, pas après pas. Vous vivez continuellement d'intentions, de buts, d'objectifs, de contraintes, et ici, sur ce chemin, vous perdez sans vous en rendre compte cette projection continuelle dans le futur, pour goûter enfin le présent dans sa nudité, et ses dimensions insoupçonnées.
Dans ce silence intérieur, cette observation tranquille qui s'installent au bout de quelques jours, vous êtes enfin vous-même. Intime. Mais pas le vous-même social, frontal, nommable. Non, un vous-même qui relève davantage de la verticalité spirituelle. Au-delà de toutes les religions et au coeur de chacune. Sans mot, sans étiquette, sans rituel. Simplement être. Vous aviez entendu dire que l'humilité était la porte de la spiritualité. Dans ce cheminement ardu, âpre, où les rencontres sont si riches, les contacts étroits et sans défense, vous vous découvrez inconnu à vous-même, dépouillé des carcans de vos images de soi, de vos protections, et ouvert aux autres comme jamais avant. Cette humilité-là, d'être vide de son bagage culturel, intellectuel, social, vous renvoie au coeur de Soi. Vous êtes devenu un vrai pèlerin. Intime avec Soi, en communion avec autrui. En non-dualité avec ce-qui-est.